Passent les jours, les années, les chansons restent: "Elle Fréquentait la Rue Pigalle" par Albin De La Simone. Crépusculaire.

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Fièvre de Monarc' a dit…

Ell' frequentait la rue Pigalle.
Ell' sentait l'vice a bon marche.
Elle etait tout' noire de peches
Avec un pauvr' visage tout p'le.
Pourtant, y avait dans l'fond d'ses yeux
Comm' quequ' chos' de miraculeux
Qui semblait mettre un peu d'ciel bleu
Dans celui tout sale de Pigalle.
Il lui avait dit: "Vous et's belle."
Et d'habitud', dans c'quartier-la,
On dit jamais les chos's comm' ca
Aux fill's qui font l'mem' metier qu'elle
Et comme ell' voulait s'confesser,
Il la couvrait tout' de baisers,
En lui disant: "Laiss' ton passe,
Moi, j'vois qu'un' chos', c'est qu' tu es belle."
Y a des imag's qui vous tracassent
Et, quand ell' sortait avec lui,
Depuis Barbes jusqu'a Clichy
Son passe lui f'sait la grimace
Et sur les trottoirs plein d'souv'nirs,
Ell' voyait son amour s'fletrir,
Alors, ell' lui d'manda d'partir,
Et il l'emm'na vers Montparnasse.
Ell' croyait r'commencer sa vie,
Mais c'est lui qui s'mit a changer.
Il la r'gardait tout etonne,
Disant: "J'te croyais plus jolie,
Ici, le jour t'eclair' de trop,
On voit tes vic's a fleur de peau.
Vaudrait p't'etr' mieux qu' tu r'tourn's la-haut
Et qu'on reprenn' chacun sa vie."
Elle est r'tourne' dans son Pigalle.
Y a plus personn' pour la r'pecher.
Elle a r'trouvee tous ses peches,
Ses coins d'ombre et ses trottoirs sales
Mais quand ell' voit des amoureux
Qui r'mont'nt la rue d'un air joyeux,
Y a des larm's dans ses grands yeux bleus
Qui coul'nt le long d'ses jou's tout's p'les.